Après avoir passé plusieurs décennies à diagnostiquer et réparer des véhicules, je me retrouve aujourd’hui à tester la BMW R1200RT. Cette grand-routière allemande promet d’être une compagne idéale pour les longues distances. Avec mon expérience des mécaniques sophistiquées, j’ai voulu vérifier si elle mérite vraiment sa réputation de référence dans le segment GT. Un test approfondi s’imposait pour cette moto qui, sous ses airs imposants, cache de nombreuses subtilités techniques que seul un œil averti peut pleinement apprécier.

Caractéristiques techniques d’une référence du tourisme

La BMW R1200RT s’impose comme une machine taillée pour avaler les kilomètres grâce à sa fiche technique impressionnante. Au cœur de cette grande routière, le moteur flat-twin boxer de 1200cc développe entre 125 et 134 chevaux selon la génération. Cette architecture emblématique de la marque allemande offre un équilibre parfait et un centre de gravité bas.

Les deux générations principales se distinguent par leur système de refroidissement. Les modèles antérieurs à 2015 utilisent un refroidissement air/huile, tandis que les versions plus récentes bénéficient d’un système semi-liquide. Cette évolution a apporté plus de puissance et de vivacité, au prix d’un léger gain de poids (environ 15 kg).

Le tableau ci-dessous résume les principales caractéristiques techniques des deux générations :

CaractéristiqueR1200RT (Air/huile, avant 2015)R1200RT (Semi-liquide, après 2015)
Puissance125 ch134 ch
Poids~285 kg~300 kg
Consommation moyenne5,8 L/100km5,8 L/100km
MatériauxPlus de magnésiumMoins de magnésium

La transmission par cardan représente un avantage significatif pour les longs trajets. Fiable et ne nécessitant quasiment aucun entretien, elle apporte une tranquillité d’esprit que j’apprécie particulièrement après avoir vu tant de chaînes mal entretenues dans mon ancien garage. La consommation moyenne de 5,8L/100km offre une excellente autonomie, essentielle pour les grands voyages.

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Les pneus jouent un rôle crucial dans le comportement de cette moto. Les références les plus recommandées sont :

  • Michelin Pilot Road 4, 5 ou 6
  • Metzeler Roadtec
  • Bridgestone T32 ou T33

Comportement routier et maniabilité surprenante

Dès les premiers tours de roue, la surprise est totale. Malgré son gabarit imposant, la R1200RT fait preuve d’une maniabilité étonnante à toutes les allures. Le châssis stable et prévisible inspire immédiatement confiance, même dans les situations les plus exigeantes. Cette qualité, je l’ai constatée lors de mes essais sur routes sinueuses où elle s’est montrée remarquablement agile.

La partie-cycle est particulièrement soignée avec le système Télélevier à l’avant, une exclusivité BMW qui limite efficacement les plongées au freinage. Cela apporte une stabilité exceptionnelle lors des freinages appuyés. Les freins, puissants et dotés d’ABS de série, offrent un dosage précis que j’ai rarement rencontré sur d’autres motos de cette catégorie.

Toutefois, le poids constitue le principal point d’attention. À environ 300 kg en ordre de marche, les manœuvres à l’arrêt peuvent s’avérer délicates, surtout pour les pilotes peu expérimentés. C’est pourquoi je ne recommanderais pas cette moto comme premier achat pour un débutant. Mon expérience m’a appris que les chutes, même à l’arrêt, peuvent coûter cher – jusqu’à 1500€ de réparations dans les cas les plus simples.

La moto propose trois modes de suspensions électroniques sur les versions SE :

  1. Confort : idéal pour les longues étapes sur autoroute
  2. Standard : polyvalent pour une utilisation quotidienne
  3. Sport : pour une conduite plus dynamique sur routes sinueuses

Ces réglages transforment littéralement le comportement de la moto. Après avoir parcouru plusieurs milliers de kilomètres, je peux affirmer que cette adaptabilité est précieuse face aux différentes conditions routières que l’on peut rencontrer lors d’un voyage.

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Confort et équipement pour les grands voyageurs

Le confort est sans doute l’un des points forts les plus marquants de la R1200RT. La position de conduite, souvent qualifiée de « sénatoriale », permet d’enchaîner les heures sans fatigue excessive. La selle réglable en hauteur (800/820mm) s’adapte à différentes morphologies, un détail que j’apprécie particulièrement après avoir conseillé tant de motards de tailles diverses dans mon ancienne vie professionnelle.

La protection contre les intempéries est exemplaire grâce au carénage intégral et à la bulle réglable électriquement. Cette dernière peut être ajustée en roulant, permettant de s’adapter instantanément aux conditions météorologiques. Ces éléments protecteurs réduisent considérablement la fatigue sur longue distance, un aspect que j’ai toujours souligné comme crucial lors de mes conversations avec des clients voyageurs.

La capacité de chargement est impressionnante avec les valises latérales de 31 litres chacune et la possibilité d’ajouter un top-case de 55 litres. Cette généreuse bagagerie permet d’emporter tout le nécessaire pour un voyage prolongé sans compromettre le comportement de la moto.

Le système « Key Less Ride » offre un confort d’utilisation moderne en permettant de démarrer et d’utiliser la moto sans sortir la clé de sa poche. Le tableau de bord complet avec son ordinateur de bord fournit toutes les informations nécessaires au voyageur, même si certains critiquent son ergonomie parfois complexe. Ayant manipulé d’innombrables systèmes électroniques embarqués, je trouve celui-ci plutôt bien conçu malgré quelques menus parfois trop imbriqués.

Pertinence pour différents profils de motards

La question se pose souvent : la R1200RT convient-elle aux débutants ? Après des décennies à conseiller des motards, ma réponse est nuancée. Bien que techniquement accessible grâce à ses nombreuses aides électroniques, son poids important et son gabarit imposant la rendent délicate pour un novice, surtout en ville et lors des manœuvres à basse vitesse.

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Pour les débutants attirés par ce segment, je recommande plutôt de commencer par des modèles plus légers comme la Honda Deauville 700, la Suzuki V-Strom 650 ou la Yamaha TDM900 pendant un ou deux ans. Ces motos permettent d’acquérir l’expérience nécessaire avant de passer à une grande routière comme la R1200RT.

En revanche, pour les motards expérimentés cherchant une machine de voyage au long cours, la R1200RT représente un choix excellent. Sa capacité à enchaîner les kilomètres dans un confort optimal, combinée à une tenue de route exceptionnelle, en fait une référence incontournable du segment GT. Les voyageurs exigeants apprécieront particulièrement son autonomie et sa polyvalence sur tous types de routes.

Les différences entre les générations air/huile et liquide méritent réflexion selon les priorités du pilote : les premières offrent un moteur au caractère plus rond et moins bruyant, tandis que les secondes apportent un surcroît de puissance et de vivacité. Mon expérience des mécaniques sophistiquées me fait pencher personnellement pour les versions air/huile, dont la sonorité et le caractère me semblent plus authentiques.