Étant professionnel ayant passé des années sous les capots de véhicules, je me suis toujours intéressé aux modèles qui suscitent des débats dans le monde des deux-roues. La Suzuki Gladius 650, ce roadster au design caractéristique, fait partie de ces motos qui divisent. Ayant eu l’occasion d’en réparer plusieurs dans mon ancien garage et d’échanger avec de nombreux propriétaires, je peux vous offrir une analyse approfondie de cette machine. Est-elle encore pertinente sur le marché actuel des roadsters? Plongeons dans les détails de ce modèle controversé mais intriguant.
Caractéristiques techniques de la Suzuki Gladius : entre tradition et modernité
La Suzuki Gladius, également connue sous l’appellation SFV 650, a été conçue comme la digne héritière de la légendaire SV 650. J’ai toujours apprécié son bicylindre en V à 90° de 645 cm³, une architecture moteur qui offre un caractère unique. Ce bloc développe entre 72 et 76,5 chevaux selon les versions, avec un couple honorable de 62 N.m à 6.400 tr/min.
Par rapport à son ancêtre, le moteur a été retravaillé pour gagner en douceur et en disponibilité à bas régime. Un choix que j’ai toujours trouvé judicieux pour les usages quotidiens. Le système d’injection avec injecteurs à 10 trous et double allumage (4 bougies iridium) participe à cette souplesse que j’ai constatée lors de nombreux essais.
La partie cycle repose sur un cadre treillis tubulaire en acier, solution éprouvée qui offre un bon compromis entre rigidité et flexibilité. La fourche téléhydraulique de 41 mm et l’amortisseur arrière réglable en précharge permettent d’adapter la suspension au poids du pilote, un atout non négligeable que j’ai toujours recommandé d’exploiter à mes clients.
Au fil des années d’entretien de ces machines, j’ai relevé ces points techniques essentiels:
- Poids contenu de 202 kg tous pleins faits (197 kg pour le modèle 2016)
- Boîte 6 vitesses avec transmission finale par chaîne (15×46)
- Réservoir de 14,5 litres incluant 3,5 litres de réserve
- Freinage assuré par double disque avant de 290 mm et disque arrière de 240 mm
- ABS disponible en option puis de série sur les modèles récents
La selle étroite placée à 780-785 mm du sol favorise une prise en main rassurante, même pour les pilotes de petite taille. J’ai toujours apprécié cette accessibilité qui rend la moto particulièrement adaptée aux motards débutants.
Comportement routier et sensations de pilotage sur la SFV 650
Après avoir essayé et entretenu de nombreuses Gladius, je peux affirmer que son comportement routier polyvalent constitue l’un de ses principaux atouts. La moto se révèle particulièrement à l’aise en milieu urbain où sa maniabilité fait merveille. Sa position de conduite naturelle permet de négocier le trafic avec aisance, un argument que j’ai toujours mis en avant auprès des clients cherchant une moto pour leurs trajets quotidiens.
Sur les petites routes sinueuses, la Gladius offre des sensations plaisantes grâce à sa stabilité en courbe et sa réactivité. Le moteur souple et disponible permet des reprises franches dès 2000 tr/min en 4ème, une caractéristique que j’ai toujours appréciée lors de dépassements. La version 2016 bénéficie même d’un système d’assistance aux bas régimes et du démarrage électronique Suzuki East Start.
J’ai néanmoins constaté quelques limites lors d’une utilisation plus sportive. La garde au sol se montre parfois restrictive dans les virages pris à angle prononcé, un détail que je signalais toujours aux pilotes au style plus agressif. Les suspensions, bien que réglables en précharge, atteignent leurs limites sur les routes très dégradées.
Type d’utilisation | Points forts | Points d’attention |
---|---|---|
Urbain | Excellente maniabilité, position de conduite confortable | Échappement sensible à la corrosion en usage hivernal |
Routes sinueuses | Tenue de route saine, moteur souple | Garde au sol limitée en conduite sportive |
Duo/Voyages | Selle pilote confortable, bons rétroviseurs | Selle passager inconfortable sur longs trajets |
Le freinage, composé d’un double disque avant et d’un simple disque arrière, offre une puissance adaptée au gabarit de la moto. J’ai toujours conseillé la version équipée de l’ABS, une sécurité supplémentaire qui s’avère précieuse sur route mouillée.
L’évolution et le positionnement de la Gladius face à la concurrence
Présentée en 2008 comme remplaçante de la SV 650, la Gladius a connu une histoire compliquée. Son design à l’inspiration italienne (rappelant certains roadsters transalpins) a divisé les amateurs. Certains de mes clients l’adoraient pour son originalité, d’autres la trouvaient trop éloignée de la sobriété traditionnelle de Suzuki.
La situation s’est complexifiée en 2016 avec le retour inattendu de la SV 650 dans la gamme Suzuki. Ce come-back a placé la Gladius dans une position ambiguë. J’ai alors constaté dans mon atelier que les ventes de Gladius neuves diminuaient progressivement, tandis que la nouvelle SV, conforme aux normes Euro 4 et forte de ses 76,5 chevaux, séduisait à nouveau.
Face à des concurrentes comme la Kawasaki ER-6N ou certains roadsters italiens, la Gladius se distingue grâce à:
- Son accessibilité pour les débutants et les pilotes de petite taille
- Son moteur souple et linéaire même en version bridée A2
- Sa polyvalence d’usage (ville, petites routes, duo occasionnel)
- Son instrumentation complète avec indicateur de rapport engagé
- Son prix d’occasion devenu très attractif
Le modèle 2016 a bénéficié de 140 pièces nouvelles, dont 60 sur le moteur, témoignant de la volonté de Suzuki de faire évoluer ce roadster. J’ai pu constater sur les derniers exemplaires passés entre mes mains les améliorations notables en matière de finition et d’équipement.
Le rapport qualité-prix et l’entretien au quotidien
L’un des aspects les plus intéressants de la Gladius aujourd’hui est sans doute son excellent rapport qualité-prix en occasion. Vendue neuve autour de 6000-6600€, elle subit une décote importante sur le marché de l’occasion, ce qui en fait une opportunité pour les motards au budget limité.
Côté entretien, la Gladius se montre économique et fiable. Les révisions majeures interviennent tous les 24 000 km pour environ 260€, un tarif raisonnable que j’appliquais dans mon garage. La durée de vie des consommables est satisfaisante avec environ 14 000 km pour les pneus avant, 12 000 km pour les arrière, et un kit chaîne tenant généralement 20 000 km.
J’ai par contre identifié quelques points de vigilance lors de mes années d’activité : le vieillissement prématuré de certaines peintures, la sensibilité de l’échappement à la corrosion et l’absence de béquille centrale qui complique l’entretien de la chaîne. L’absence de jauge à essence et le garde-boue avant trop court constituent également des désagréments mineurs mais réels.
La Suzuki Gladius 650 garde donc une place particulière sur le marché des roadsters moyens. Si son style diviseur et le retour de la SV 650 ont compliqué son parcours commercial, elle reste une moto pertinente pour qui recherche une machine accessible, polyvalente et désormais très abordable en seconde main.